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15 décembre 2008

Vérité ou mensonge

J'ai trouvé ce texte de George Sand sur l'existence du Père Noël qui, semble-t-il, faisait déjà débat, à l'époque.

Bien qu'anti traditionnaliste, je ne suis pas contre le fait de laisser rêver les enfants (tout petits, à leur majorité, il est temps de dire la vérité)…

J’ai moi-même de très beaux souvenirs de Noël, je ne me suis pas donné le droit d’en priver mon fils.

D’autres choses autour de cette fête m’exaspèrent mais la question n’est pas là...

noel_158

image empruntée à abcfunny

Ce que je me rappelle parfaitement, c'est la croyance absolue que j'avais à la descente par le tuyau de la cheminée du petit père Noël, bon vieillard à barbe blanche qui, à l'heure de minuit, devait venir déposer dans mon petit soulier un cadeau que j'y trouverais à mon réveil. Minuit ! Cette heure fantastique que les enfants ne connaissent point et qu'on leur montre comme le terme impossible de leur veillée ! Quels efforts incroyables je faisais pour ne pas m'endormir avant l'apparition du petit vieux ! J'avais à la fois grande envie et grand’ peur de le voir ; mais jamais je ne pouvais me tenir éveillée jusque-là et, le lendemain, mon premier regard était pour mon soulier au bord de l'âtre. Quelle émotion me causait l'enveloppe de papier blanc ! Car le père Noël était d'une propreté extrême et ne manquait jamais d'empaqueter soigneusement son offrande. Je courais, pieds nus, m'emparer de mon trésor. Ce n'était jamais un don bien magnifique, car nous n'étions pas riches. C'était un petit gâteau, une orange ou, tout simplement, une belle pomme rouge. Mais cela me semblait si précieux que j'osais à peine le manger. L'imagination jouait encore là son rôle et c'est toute la vie de l'enfant.

Je n'approuve pas du tout Rousseau de vouloir supprimer le merveilleux sous prétexte de mensonge. La raison et l'incrédulité viennent bien assez vite et d'elles-mêmes ; je me rappelle fort bien la première année où le doute m'est venu sur l'existence réelle du père Noël. J'avais cinq ou six ans et il me sembla que ce devait être ma mère qui mettait le gâteau dans mon soulier. Aussi me parut-il moins beau et moins bon que les autres fois et j'éprouvais une sorte de regret de ne pouvoir plus croire au petit homme à barbe blanche. J'ai vu mon fils y croire plus longtemps ; les garçons sont plus simples que les petites filles. Comme moi, il faisait de grands efforts pour veiller jusqu'à minuit. Comme moi, il n'y réussissait point et comme moi, il trouvait au jour le gâteau merveilleux pétri dans les cuisines du paradis. Mais pour lui aussi la première année où il douta fut la dernière de la visite du bonhomme. Il faut servir aux enfants les mets qui conviennent à leur âge et ne rien devancer. Tant qu'ils ont besoin de merveilleux, il faut leur en donner. Quand ils commencent à s'en dégoûter, il faut bien se garder de prolonger l'erreur et d'entraver le progrès naturel de leur raison.

gs6ans

George Sand    L'Histoire de ma vie

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Commentaires
L
Mes parents n'en ont jamais fait des tonnes pour entrenir la magie de Noël. Il faut dire que maman avait enterré un petit frère de 5 ans le 24 décembre 1944 ... On fêtait Noël. La vrai fête c'était d'aller acheter le sapin avec papa, mon frère et ma soeur. Ma mère le trouvait toujours trop grand, trop cher et disait invariablement "Vivement le 6 janvier que ce soit fini." Je décorais le sapin avec mon frère et ma soeur, les guirlandes et les boules n'étaient pas de première jeunesse mais c'était très beau tout de même dans mes yeux d'enfant. l'autre fête c'était d'aller chercher ma grand-mère à la gare, elle s'installait dans le salon pour quelques jours et là c'était papa qui râlait ... Pour ce qui est du père noël j'y ai cru jusqu'à ce que mon frère plus âgé de 5 ans me vende la mêche et en musique ... sur l'air de "La solitude ç'a n'existe pas" avec les paroles de son invention ... C'était déja un artiste!
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P
Quand j'étais enfant, le Père Noël n'existait pas en Belgique. St Nicolas, lui, faisait fureur. Je me souviens d'un jour où je chantais à tue-tête: "Venez, venez, Saint-Nicolas.."assise à ma petite table, le dos tourné à mes parents qui prenaient le café. Tout à coup, une orange atterit sur mon genou...et me fit très mal. Mais l'extase du cadeau inattendu m'empêcha de me plaindre. Je criai un fervent "Merci!". Il ne faut pas ôter aux enfants l'émerveillement qui ne durera pas longtemps, hélas, et sera trop vite remplacé par une réalité assez souvent décevante.<br /> Merci, Mazed, pour ce texte de George Sand.
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